Combats d’hier, luttes d’aujourd’hui

Le 9 février, Robert Badinter nous a quittés. Homme de conviction, figure du Parti socialiste, il demeure avant tout celui qui a porté le projet de loi d’abolition de la peine de mort, mais aussi celui qui a dépénalisé l’homosexualité. S’inscrivant dans la tradition de Jean Jaurès, il démontre que la peine capitale n’engendre que la violence et son abolition, au contraire, privilégie la rédemption et la confiance en l’humain.

Le 16 février, Alexeï Navalny est assassiné dans une geôle russe, au fin fond d’une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique. Son combat : la défense des droits, son opposition au régime totalitaire et liberticide de Poutine. Depuis près de 15 ans, il dénonçait avec acharnement la corruption à grande échelle du pouvoir russe. Alexeï Navalny est le visage de ceux qui ne se résignent pas.

Le 21 février, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon. Avec eux est enfin reconnue la Résistance communiste, juive et étrangère. C’est aussi une certaine idée de la France, celle d’un projet politique d’émancipation hérité de la Révolution et des Lumières, qui sera consacrée. Fusillé au Mont Valérien, comme André Joineau, les derniers mots de Missak Manouchian résonnent : « Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »

Ces hommes et ces femmes nous obligent au respect et à la reconnaissance. Dans ce monde bouleversé, nous avons la chance de vivre en démocratie, aussi imparfaite soit-elle. Entre fierté et désillusion, acquis historiques et vérités du présent, stratégies politiciennes et révoltes populaires, la démocratie survit ! Nous avons le droit de parler, de réagir, de contester, de proposer, de débattre… Alors ne gâchons pas ce droit dans toutes les instances, ici et ailleurs !