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Dix-sept.

 

C’est avec détermination que je suis devenue élue en 2020. Depuis, j’ai participé à 17 conseils municipaux parmi l’ensemble des 33 élus de la ville du Pré Saint-Gervais.

Un peu comme devant les mauvais films où l’on reste jusqu’au bout en espérant que ça va s’améliorer, je vis chaque séance de conseil municipal avec une vraie frustration. Mais je me dis que ça ira mieux la prochaine fois. Je pense aux habitants qui comptent sur nous pour prendre des décisions importantes pour eux. Malheureusement, la séance suivante, je suis déçue par le manque de coopération et les débats trop éloignés de leurs intérêts. 

Avant les élections présidentielles de 2022, le groupe majoritaire avait fait un vœu en conseil municipal pour alerter sur la menace grandissante de l’extrême droite. Un vœu pieu qui a donné une gauche complètement désunie au niveau national, rendant impossible l’élection d’un candidat de gauche. Mais un adjoint au maire nous avait alors rétorqué que les partis de gauche n’étaient en aucun cas responsables de la montée de la droite ou de l’extrême droite.

Toujours est-il, nous ne pouvons pas rester passifs face à cette situation alarmante et nous devons travailler ensemble pour protéger les valeurs que nous défendons.

Il y a deux jours, lors du débat sur le rapport d’orientation budgétaire, notre groupe a attiré l’attention sur un fait préoccupant : la perte de 1 000 habitants de notre commune au cours des 10 dernières années, ce qui en fait la seule commune de petite couronne à perdre des habitants.

Malheureusement, les élus de la majorité ont encore une fois minimisé la situation en déclarant que cette perte n’était en aucun cas liée à la qualité de vie dans notre commune où à la politique menée. Or, il est logique de faire un lien entre l’attractivité d’une ville et la politique menée, notamment lorsque sa population augmente. 

Quand nos représentants prendront-ils enfin conscience de leurs responsabilités envers les habitants ?

Dans différents échanges, certains élus de la majorité ont sous-entendu que notre groupe remettait en question la neutralité des agents de la ville. Mais, à la lumière des témoignages que nous recevons, la vraie question qui se pose est : est-ce que cette majorité respecte vraiment la neutralité des agents ?

C’est important de garantir cette neutralité pour assurer un service impartial et équitable à tous les citoyens. C’est donc crucial, pour lever ces préoccupations, de travailler ensemble pour s’assurer que les agents de la ville peuvent exercer leur travail sans aucune pression ou influence politique.

Nous abordons souvent les villes voisines, comme Les Lilas, dans nos propositions et nos questions. Mais, lors des dernières séances de conseil municipal, nous avons constaté que poser une question en prenant cette ville en exemple faisait rire les élus de la majorité. Pour autant selon l’un d’eux, chez AG on se croirait au café du commerce.. 

Les Gervaisiens comptent sur nous pour représenter leurs intérêts et faire entendre leur voix. C’est aberrant de voir que leurs préoccupations et leurs attentes ne sont pas prises au sérieux par le maire et son équipe. 

Les problématiques rencontrées par les locataires de la Fabrik ne semblent pas non plus susciter l’attention des élus. Au lieu d’entendre les réclamations des habitants, ils nous accusent de les instrumentaliser. Aucune action n’est envisagée. Qui instrumentalise qui, sérieusement ? 

Respecter les habitants est un minimum, travailler à trouver des solutions pour améliorer leur qualité de vie fait partie intégrante du rôle des élus.

D’après les élus de la majorité, AG proposerait une régression de l’instance démocratique du Conseil municipal ? Pourtant, le droit d’interpellation citoyenne fonctionne-t-il efficacement ? Les séances du conseil municipal attirent-elles de nombreux citoyens ?

C’est important de considérer tous les points de vue et d’éviter de faire des accusations sans fondement.

Finalement, la seule réponse qu’on obtient à nos propositions, à nos alertes, c’est : “vous êtes de droite”, “Vous êtes contre le logement social”. Si mon père, coco jusqu’au bout des ongles, entendait ça, il rigolerait beaucoup ! Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.

Une réponse qui ne traite pas les véritables problèmes soulevés. Parle-t-on des Gervaisiens, de leur bien-être ? Les habitants pensent-ils qu’on s’intéresse à eux dans une réponse pareille ?

La cerise sur le gâteau, ce sont les propos d’un élu et sa vision de la démocratie locale :
« C’est normal, les élus de l’opposition s‘expriment ici pour exister ».
C’est tout. Pas pour l’intérêt général, pas pour les citoyens, mais pour ”exister”. Une vision réductrice et dégradante de la démocratie et sans aucune perspective d’évolution. 

À l’Assemblée nationale, la NUPES, quant à elle, s’exprime-t-elle uniquement pour “exister” ? Se réunir oui, mais seulement dans l’adversité ? Ou pour faire entendre la voix des citoyens et défendre leurs intérêts ?

Enfin, qu’attendent des élus comme le maire et son équipe d’un groupe d’opposition tel qu’AG ? C’est une vraie question. 

Après 17 conseils municipaux, je pense avoir la réponse :
Se taire, voter, et rentrer chez soi.

Dénigrer les élus de l’opposition en les qualifiant de « tout simplement » comme des personnes qui cherchent à exister est une aberration, et peut en dire plus sur les motivations de ceux qui tiennent de tels propos que sur les élus de l’opposition eux-mêmes.

Un système binaire. Un monde manichéen.
Ils aiment bien dire et répéter que nous sommes ”de droite”. Ainsi, peut-être ont-ils la sensation d’être de gauche.

Anna Coulon

Conseils municipaux

CM